Le monstre des couleurs

Publié le par La Grande Ourse

Après quelques semaines d'hésitation, j'ai fini par craquer à l'appel du monstre des couleurs

Ce qui me retenait ? Le côté coopératif d'une part, qui plait moins qu'avant à mes enfants, et le côté "sentimental" de se raconter, qui me laissait perplexe, je l'avoue. 
Mais force est de constater que ce jeu est réellement à conseiller. Il est unique en son genre (en tout cas, je ne lui connais pas d'équivalent). J'étais en admiration devant le jeu, autant que mes enfants, ravi de retrouver le héro du livre d'Anna Llenas que tous les enfants devraient d'ailleurs avoir.

Le principe est assez simple : il y a 5 jetons d'émotions représentant la joie, la colère, la tristesse, la peur et la sérénité. La finalité du jeu est d'identifier chacune de ces émotions et de les placer dans les bocaux correspondants. Ces derniers sont positionnés faces cachées sur 2 étagères, à côté du plateau de jeu. 


Tour de jeu : je lance le dé et déplace le monstre des couleurs sur la case tristesse : je raconte une anecdote ou donne un mot qui me lie à cette émotion. Ensuite je retourne l'un des 8 bocaux à disposition sur les 2 petites étagères. 
- Première possibilité : c'est la bonne couleur, je retourne le bocal bleu et y insère le jeton correspondant. La tristesse est identifiée, et n'est plus mélangée aux autres émotions.  
- Seconde possibilité, c'est le bocal d'une autre émotion. Je repose alors le bocal face cachée, l'idée étant de se souvenir de son emplacement pour la suite de la partie.
- Troisième configuration, le bocal est "barbouillé" : toutes les émotions sont mélangées. Je laisse bocal multicolore face visible et inverse 2 bocaux sur les étagères. Attention, si les 3 bocaux de ce type sont retournés, alors le monstre des couleurs repart se coucher tout barbouillé et on recommence à zéro. 

Complexité du jeu : il y a également sur le plateau de jeu la petite fille, qui cherche à aider le monstre. Lorsque la petite fille se retrouve sur la même case que le monstre et qu'un bocal multicolore est visible sur les étagères, le joueur le retourne pour le cacher à nouveau. S'in n'y a pas de bocal multicolore, le joueur relance le dé et rejoue. 

Le jeu rencontre un grand succès à la maison. C'est très drôle d'entendre la formulation des enfants, et en tant qu'adulte on apprend vraiment des choses ! 
J'ai par exemple eu droit à :
- Thibault : "ce matin Louise est entrée dans ma chambre et elle a touché à tout, ça m'a mis beaucoup la colère". 
- Louise : "quand on était en vacances chez Grand-Père et Mamie, c'était longtemps et moi je voulais aller faire mon travail à l'école alors j'étais triste". 
 

Les (gros) plus du jeu : 

- L'expression : donner la parole aux enfants. Sans jugement aucun, ils parlent, écoutent, se livrent, réfléchissent, se souviennent, essayent de comprendre le ressenti de l'autre.

- L'imagination : car le côté subjectif et personnel des émotions est une porte ouverte aux interprétations. Ce qui rend triste quelqu'un ne s'appliquera pas forcément à l'autre. Et puis on peut aussi imaginer pourquoi le monstre ressent telle ou telle émotion. Le jeu n'a pas de limite. 

- Le champ des possibles : le type de réponses ne se cantonne pas à une anecdote personnelle que l'enfant pourra retranscrire de façon impersonnelle sur le monstre.
Par exemple : la case de la joie est jaune. Nous l'avons dit la réponse peut être une anecdote personnelle, mais on pourrait aussi dire : le soleil est jaune et j'aime quand il fait beau. Une banane est jaune et c'est mon fruit préféré. Maman a des jonquilles jaunes et j'aime les fleurs de Maman. Chez nous, concrètement ça donne : "C3PO est jaune et j'aime Star Wars".

- Le matériel : j'ai très envie de le citer car c'est un vrai prolongement du livre tant le graphisme d'Anna Llenas est retransmis ici à la perfection. 
 

Les (petits) bémols :

- L'utilisation du pion de la petite fille : si on l'obtient sur le dé et que la petite fille est déjà sur la même case que le monstre, la règle ne dit pas quoi faire. Nous avons pris partie de faire relancer le dé.

- Le côté répétitif ou le raccourci simpliste que peuvent faire les enfants : répéter des exemples de situations déjà exprimés lors de parties récentes. C'est à l'adulte ou l'éducateur de se placer là en "maître du jeu" et d'encourager l'enfant à aller plus loin dans sa réflexion.

- L'amour : l'amour n'est pas intégré dans les jetons à replacer. Je m'interroge sur le pourquoi, et reste persuadée que cela aurait pu apporter au jeu. Car l'amour c'est une émotion vaste et complexe. Je me dis qu'un enfant pourrait la projeter de façon simple : les câlins et les bisous certes, mais pas que. Il y aussi les copains, une personne particulière (Parrain/marraine, nounou...), un objet, un doudou, une histoire...

 

En conclusion, on adore, on adhère, on conseille, on achète. On joue ?  

A partir de 4 ans
Edité par Purple Brain

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